20 ans ! l’âge fantasmé
On se croit tout puissant,
On se croit immortel,
On se dit innocent.
20 ans ! l’âge regretté
Quand arrive 50 ans,
Quand arrivent les séquelles
Du temps qui va passant.
Aujourd’hui notre môme
Va fêter ses 20 ans
En gardant des symptômes
De grand adolescent.
Petit, il était sage
Au point d’être oublié,
Parfois, comme une image
Dans les pages d’un cahier.
Même si ce n’est pas drôle,
Pour gagner les faveurs
D’une grande sœur détrônée,
Il apprendra le rôle
Du petit chien dressé.
Un Lucky avant l’heure
Qui devait aboyer.
A jouer les molosses
Il acquerra très tôt
Un appétit féroce.
Il fallait voir Hugo
En Gargantua précoce,
Avaler goulument
Objets et aliments !
Combien de tire-bouchons,
De capsules, de crayons,
Mes mains de spécialiste
Ont-elles dû extirper
De son petit bedon !
Trop longue serait la liste
Si je devais compter.
Ce n’était qu’un jeu bien sûr,
Seulement du « pour de faux »
Mais le petit riait !
Conscient de l’imposture,
Il en redemandait !
Alors, je m’appliquais
A convaincre par les mots
Et variais les objets.
Puis Hugo a grandi,
Est devenu sportif.
Bien sûr, comme tout enfant,
Il fut très indécis
Et son engagement
Loin d’être définitif.
Ah ! s’il eut les guiboles
De Mimoun, d’Usain Bolt
Pour sûr que ses daddys,
Deux grands coureurs de fond,
En eussent fait un champion !
Et, sans trop se fouler...
Paris-Troyes, Paris-Nice
Auraient alors gagné
Une belle notoriété !
Au-delà du cyclisme.
Le ballon l’a séduit.
Ah ! S’il eut les guiboles
De Platini, de Rocheteau
Pour sûr que ses daddys…
Mais dans ce sport, pas de bol,
Un seul a le niveau !
Il se voyait déjà
Zidane, Ronaldhugo
Et quand le bel Hugo
Jonglait avec le cuir
Le gazon trépassait,
Comme l’herbe d’Attila,
Et les fragiles filets
Du grand, incontournable,
Parc des loisirs, tremblaient.
Rues Pierre-Marie Derrien,
Danton, à Saint Julien,
Murs, portes et fenêtres,
Arbustes, gazon et fleurs,
Se souviendront, peut-être
Longtemps, des douces caresses
Du cuir mille fois frappé,
Avec délicatesse,
Par les pieds ravageurs
D’un enfant obstiné.
Chaussures, maillot floqué,
Il testa les pelouses
Du 9-4, du 9-3
Et parfois, en été,
Quelques terrains de Troyes.
Là-bas c’est la mamie
Qui servait de portier,
Plus facile à dribler
Bien sûr que son Daddy,
Ou qui lançait la balle
Pour que, tant bien que mal,
Il reprenne de volée.
J’avoue qu’il progressait.
Il apprenait très vite
Et son jeu s’équipait
D’un bon bagage technique.
Bien sûr dans ses bagages
Il y eut des valises …
Ça lui donnait la rage
A l’heure de la reprise.
Lors d’un stage proposé,
En été, par l’Estac,
Il eut pu intégrer
Le centre de formation.
Mais, hélas, le transfert
S’avéra bien trop cher !
Adieu veaux, vaches, cochons ...
L’affaire tomba dans le lac.
Etait-ce ce rêve brisé
Qui le fit sangloter
Quand le stage fut clos ?
Mais non, évidemment !
Quitter ses nouveaux potes,
Retrouver ses parents
Après six jours passés
Dans l’ombre de joueurs pros,
Franchement, y’a plus marrant !
Le foot n’y suffit pas
Il jouera pour un temps
Le judoka Douillet
Sur quelques tatamis.
Concentration, respect,
Le rituel du Rei,
Inévitables Katas !
Une discipline trop dure
Pour son tempérament.
Hugo quitte le dojo.
Pour les médailles, ceinture !
A cet athlète naissant,
Sans peur du paradoxe,
Fallait des larmes, du sang,
Un sport de taille ! La boxe .
Le sport de l’élégance
Où on te pète les dents,
Ou plus si appétence,
Mais… en prenant des gants !
Il arrivât une fois,
Ou deux, peut-être trois,
Que notre Hugo s’égare
En confondant sa porte
Avec un punching-ball,
Comme d’autres dans les halls
Ou les cages d’escalier.
Quand la raison s’emporte
Parfois, sans crier gare,
C’est dur de la fermer !
Des portes en bois, en verre,
Hugo s’est fait l’expert.
Tout ça pour se parer
De quelques cicatrices …
Expérience salvatrice !
Tu cherches une entreprise ?
Avec ce C.V là,
Pourquoi pas un emploi
De testeur chez Tryba !
Hugo a la passion
Des carcasses de scooters.
Il en fait collection.
D’ailleurs, dans le quartier,
On l’appelle le « boy-scoot »
Un problème sur la route ?
Vous faites son 06,
Pas avant 17h 00,
Versez quelques bakchichs
Et vous êtes dépanné !
A condition, bien sûr,
Qu’il soir encore joignable
Qu’il n’ait dans la nature
Egaré son portable …
Sur l’école, les études
Je ferai bouche cousue.
Hugo n’aime pas les profs.
Et, d’ailleurs, moi non plus.
Blâmer ses mauvais choix
N’est pas mon habitude.
Je me contenterai pour ça
D’un regrettable "bof" !
Et pourtant, bougre d’âne
L’animal n’est pas bête !
Juste un peu forte tête
Mais il en a dans l’crâne !
Vous connaissez l’adage !
« Qui aime bien châtie bien »
J’ai une version plus sage
« Qui aime bien charrie bien »
Hugo,
Je le reconnais, bon…
Je t’ai un peu chambré
C’est pour mieux te montrer
Ma très grande affection.
C’était « du pour de rire » !
Mais à bien réfléchir,
C’est un peu justifié
Car, c’est 20 ans de plus
Qu’on s’prend dans les sinus !
L' innocente insolence
Méritait bien vengeance...
Allez mon grand loulou,
Profite de tes 20 ans
Et use, sans abuser,
De cette précieuse jeunesse.
L’avenir est ta richesse
Et il est devant toi !
Mais surtout, n’oublie pas :
Chaque jour, ton espace-temps
Ira rétrécissant.
Alors, demain dès l’aube
A l’heure où blanchissent nos compagnes,
Va, par-delà les forêts,
Va, par-delà les montagnes
Vois-tu, je sais que le soleil t’attend.
Je ne pouvais pas finir
Sans pasticher Hugo !
Victor, évidemment
Mais vous l’aviez compris.