Longpré,
C‘est dans tes prés, tes vaux, dans tes jardins d’antan qu’ont été prélevés les acides aminés, l’eau et les minéraux qui m’ont construit, enfant.
C’est là, sur les pupitres cirés de ton école publique, que j’ai appris à lire, à compter, à écrire et que mon rêve est né d’enseigner à mon tour.
Aujourd’hui, dans un monde où les hommes voudraient vivre plus vite que la lumière, je mesure toute la chance que j’ai eue de grandir au rythme de tes jours, de ta nature paisible. À l’écart des conflits, des grandes agitations qui secouaient le monde.
Dans ta douceur de vivre, le calme de tes rues, la Corée, l’Indochine et l’Algérie d’alors semblaient tellement lointaines même si, bien malgré eux, certains de tes enfants étaient, las, concernés.
Longpré de l’insouciance,
Longpré de l’ignorance,
Longpré de mon enfance,
À l’automne de ma vie, effrayé par un monde que des terriens immondes font tourner à l’enfer, j’envie le paradis que tu étais hier.
Sortis de leur dormance, les souvenirs germent, plongeant dans mon enfance leur précieuse radicule.
Des souvenirs précis, des souvenirs plus flous ou peut-être rêvés, remontent goutte à goutte de mon cortex profond.
Des visages et des noms, des collines, des vallons, bonnes paroles ou gros mots, grandes joies et petits maux, des goûts et des senteurs, des oiseaux et des fleurs s’entrechoquent et se mêlent en révélant parfois quelques incertitudes parmi mes certitudes.
Ces mémoires d’outre temps, je souhaite les faire revivre et, en toute innocence, je veux les partager avec tous ceux que j’aime, et peut-être avec vous si vous voulez me suivre dans ce voyage intime.
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